Châlons-en-Champagne est sous le choc. La préfecture de la Marne
va perdre son 1er régiment d'artillerie de marine, qui doit être dissous d'ici
l'été 2015. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l'a officiellement
annoncé, mercredi 15 octobre, en présentant le plan de restructuration des
armées 2015, dans le cadre de la loi de programmation militaire 2014-2019.
Le lendemain, près d'un millier de personnes sont descendues
dans la rue pour demander au gouvernement de suspendre cette décision. En jeu :
le départ de 960 officiers, sous-officiers et soldats, dans cette ville de 45
000 habitants, rappelle France 3 Champagne-Ardennes. Une décision qui fait
craindre le pire à Benoist Apparu, maire UMP de la ville, mais aussi aux
commerçants et aux habitants.
Une activité économique en berne
A 120 km de là, la ville de Commercy, dans la Meuse, a vu elle
aussi fermer dans la douleur son 8e régiment d'artillerie, en juin 2013. Un
coup très dur pour l'économie locale : la baisse de l'activité économique a été
immédiate dans cette petite sous-préfecture de la Meuse, déjà touchée par le
chômage.
"Il y a eu des licenciements dans les commerces et des CDD
non-reconduits", raconte l'Union des commerçants industriels et artisans de
Commercy à francetv info. Mais les efforts des habitants et des élus commencent
à payer, et après l'inquiétude des premiers mois, le bilan est plutôt positif.
La démographie forcément affectée
En 2008, l'annonce de la fermeture du 8e régiment d'artillerie "est
tombée comme une catastrophe", se rappelle Bernard Muller, l'ancien
maire PS de la ville, contacté par francetv info. "Le départ de 800
militaires et de leurs familles, c'est près de 2 000 personnes qui quittent la
ville et ses alentours", explique l'ex-élu. Forcément, dans
cette petite ville de la Meuse qui ne compte que 6 300 habitants, c'est la
consternation.
La région est déjà sinistrée. L'industrie n'a cessé de
péricliter et la Lorraine est particulièrement touchée par le chômage. Mais les
élus de Commercy veulent se battre pour leur ville. "Il y a eu un
consensus politique de tous bords", se souvient l'ancien maire,
qui sollicite alors des entrevues à la Défense, mais aussi à l'Elysée.
Des solutions qui se profilent
Finalement, Commercy finit par bénéficier d'un contrat de
développement économique en 2011 et d’une compensation financière de 14
millions d’euros accordée par l’État en dédommagement du retrait des
militaires. Un an plus tard, Bernard Muller remonte au créneau et obtient la
révision du contrat de développement économique du territoire en décrochant un
redéploiement à hauteur d’1,7 million d’euros.
En parallèle, avec l'appui de Gérard Longuet, sénateur UMP de la
Meuse et ancien ministre de la Défense, Commercy réussit à attirer l'entreprise
Safran. Le groupe aéronautique et son partenaire Albany construisent sur 20 000
m2 une usine qui emploiera à terme 400 salariés qualifiés, avec un carnet de
commandes pour cinq ans. Les 80 premiers salariés s'apprêtent à prendre leur
poste à la fin de l'année.
La ville se fait plus attractive
Outre l'aménagement de zones d’activité, la compensation
financière accordée par l'Etat permet à la ville d'accompagner l'installation
de Safran et de créer un centre de compétences lié aux activités du groupe au
lycée de Commercy. Il accueillera près de 1 000 personnes par an à partir de
janvier 2015. Le centre de compétences formera à l'aéronautique et au
traitement des matériaux composites, des lycéens, des apprentis et des
étudiants issus d’écoles d’ingénieurs, mais aussi des demandeurs d’emploi ou
encore des salariés en formation.
L'enveloppe accordée par l'Etat permet aussi de financer la
construction de structures d'accueil. Tout est pensé pour rendre la ville plus
attractive. Une "pépinière d’entreprises" est ainsi développée pour
attirer les jeunes entrepreneurs et leurs entreprises en gestation. Elle
s'étend sur 800 m2 de bureaux. Par ailleurs, "une grosse entreprise
dont je tairai le nom s'apprête à s'installer sur le site de l'ancienne base
militaire", se félicite Jérôme Lefèvre, le nouveau maire divers droite
de la ville, joint par francetv info.
L'optimisme de mise
Grâce à ces nouvelles perspectives, l'immobilier se développe.
Un écoquartier est en cours de construction pour accueillir les familles des
nouveaux arrivants. La communauté de communes du Pays de Commercy a pu racheter
pour un euro symbolique la caserne. L'ensemble va être réhabilité et rénové en
vue de proposer des appartements à la location. "L'offre hôtelière
s'est aussi étoffée et améliorée", affirme le maire.
Pour Jérôme Lefèvre, la commune "est en pleine
reconversion économique, et n'a finalement pas subi de préjudice avec le départ
des militaires". Un bilan positif que partagent la plupart des
commerçants de la ville. "Les entreprises ont investi, les boutiques se
sont modernisées", se réjouit l'association des commerçants locale. "Même
si les difficultés sont là, il y a une réelle volonté de travailler ensemble
pour que tout le monde s'en sorte." L'ambiance est plutôt à
l'optimisme.
"Affectivement, une page se tourne. C'est toujours un
déchirement pour une ville de garnison de voir partir ses derniers militaires.
Ils entretenaient la relation entre l'armée et la nation importante pour le
pays", se désole Bernard Muller. Mais l'ancien maire reste bien
conscient de "la chance extraordinaire de ma ville par rapport à
d'autres".
Document et photo fournis par francetv info
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire